Pour bien conduire une voiture, les spécialistes automobiles nous conseillent de regarder régulièrement derrière et sur les côtés, mais surtout ce qui s’en vient, de porter notre regard le plus loin possible.
C’est ce que se veut ce rapport annuel 2022-2023 d’UPA Développement international : un coup d’œil dans le rétroviseur pour nous rappeler, après trente ans d’existence, la source et les origines de notre implication en coopération internationale et quelques faits marquants. En même temps et surtout, c’est un regard sur nos aspirations pour le développement de l’agriculture familiale et des organisations professionnelles agricoles, pour le bien-être de nos frères et sœurs de terre.
Et oui, déjà trente ans pour UPA Développement international! Après avoir appris, essayé, testé, remis en question, validé et amélioré nos approches et nos stratégies au fil des années, nous constatons que notre expertise, au croisement du développement de l’agriculture familiale, de la structuration des organisations professionnelles agricoles et de la coopération internationale, demeure pertinente et d’actualité.
Bonne lecture!
Lorsqu’on s’attarde à la place qu’UPA DI s’est faite dans le monde de la coopération, on constate rapidement que les alliances qu’elle a créées avec d’autres coopérateurs sont nées de son expertise unique en sécurité alimentaire. En suivant de près l’évolution géopolitique, économique et climatique du monde, on ne peut nier que la sécurité alimentaire demeurera l’enjeu principal des prochaines années.
Parmi les moments les plus marquants pour UPA DI, il y a bien sûr la signature de l’entente de collaboration entre l’Union des producteurs agricoles (UPA) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2012; la première entente du genre de l’histoire. Également, la création d’AgriCord, permettant à six agri-agences de s’unir pour offrir aux bailleurs de fonds internationaux des services qu’aucune d’entre elles ne pourrait offrir seule.
Lorsqu’on me demande pourquoi l’agriculture familiale est si importante, la réponse est claire. L’agriculture familiale est la plus résiliente. Pour une grande entreprise, ce qui compte, ce sont d’abord les profits et la rentabilité, alors que pour une entreprise familiale, le plus important, c’est l’existence à long terme. La sécurité alimentaire sera donc toujours mieux assurée par l’agriculture familiale.
Après autant d’années, on ne peut passer sous silence la relation entre UPA DI et l’UPA. UPA DI a permis à l’UPA d’élargir sa vision du monde, car en restant centré sur soi-même, il y a beaucoup de choses qu’on ne voit pas. De plus, UPA DI a donné aux productrices et producteurs agricoles québécois une voix et une renommée à l’international. À l’inverse, l’UPA apporte son soutien indéfectible à UPA DI. Nous n’avons jamais senti que nos actions à l’international n’étaient pas importantes pour les productrices et producteurs du Québec.
Ma vision des trente prochaines années est une organisation encore plus internationale qu’aujourd’hui. Par contre, nos valeurs ne changeront pas. Nous sommes axés sur le développement de l’humain à travers le développement de l’agriculture et des organisations paysannes. C’est ce qui fait notre distinction.
UPA DI a su se tailler une place unique dans le monde de la coopération. C’est l’une des rares organisations à pouvoir miser sur un important bassin d’acteurs de premier plan, à savoir les agriculteurs et les agricultrices du Québec, pour appuyer, partager et soutenir leurs confrères et consœurs dans les pays du Sud. Sans oublier que les délégués du Sud qui viennent au Québec nous en apprennent également beaucoup par leur expérience et la réalité de leurs pays.
Bien qu’il y ait eu plusieurs événements marquants au cours des dernières années, je considère que c’est la mise en place du programme de coopération volontaire, Réseau Agro-Innov, qui a permis à l’organisation de mettre à l’échelle ce qu’elle faisait déjà, soit la coopération entre frères et sœurs de terre.
UPA DI fait la promotion de l’agriculture familiale depuis trente ans, car ce sont justement les membres de la famille qui y participent. Nous retrouvons dans cette dynamique une porte d’entrée intéressante pour inclure et autonomiser davantage les femmes en plus d’ouvrir la voie pour qu’elles acquièrent plus de droits. Nous pouvons dire la même chose pour la relève agricole.
Depuis sa fondation en 1993, UPA DI apporte à l’UPA une ouverture sur le monde, une occasion unique d’être en contact avec des organisations qui partagent des valeurs similaires. C’est également un véhicule de l’engagement social de l’UPA. Le fait que les producteurs et productrices d’ici s’investissent en temps et en argent dans la coopération internationale est un signal fort d’engagement envers les plus démunis de la planète.
Le rôle de l’UPA est tout aussi essentiel. En plus de l’expertise et du financement, l’UPA apporte un bagage d’expérience accumulé depuis les cent dernières années. Une grande partie des idées et concepts élaborés avec nos partenaires sont influencés par ce que l’UPA a fait ici. Cette influence est majeure sur la façon dont nous fonctionnons.
Les trente dernières années ont vu UPA DI croître et prendre de l’expansion. Nous œuvrons sur plusieurs continents, dans plusieurs pays où la réalité des organisations n’est pas la même. Dans trente ans, nous devrons être en mesure d’offrir un accompagnement adapté aux besoins spécifiques de ces organisations. Nous devrons également élargir notre spectre d’intervention pour nous adapter aux enjeux mondiaux qui évoluent sans cesse.
© Maxime Picard, La Tribune
© Maxime Picard, La Tribune
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